1.4. La combinaison SOLAP

Le concept OLAP répond aux besoins analytiques en s'appuyant sur une conception multidimensionnelle des bases de données, il s'oppose sur ce point aux SGBD dits transactionnels sur lesquels reposent les systèmes d'information géographique. Les bases de données multidimensionnelles OLAP ne permettent cependant pas la gestion des données géométriques et la représentation cartographique des données. Le concept SOLAP vient donc combiner les deux approches SIG et OLAP (Figure 1.5) en permettant d'intégrer les données géographiques aux bases de données multidimensionnelles :

Figure 1.5. Positionnement des outils vis à vis de l'information

Positionnement des outils vis à vis de l'information

Position relative des différents outils selon la nature de l'information et ses niveaux d'agrégation. Source : [12]


SOLAP ne vise pas à remplacer les SIG, qu'ils soient Web ou en application de bureau, il propose des fonctions supplémentaires en supportant la structure multidimensionnelle. Les deux outils SIG et SOLAP se distinguent essentiellement par la convivialité, la vitesse d'exécution des requêtes et le niveau de détails qu'ils supportent nativement. Quant au bénéfice de SOLAP sur l'OLAP traditionnel, il repose notamment sur la possibilité d'agrégations sur des données spatiales. Un système SOLAP permet de gérer trois types de dimensions spatiales (Figure 1.6) :

Figure 1.6. Représentations des dimensions spatiales gérées par SOLAP

Représentations des dimensions spatiales gérées par SOLAP

Le Canada est représenté ici par des hiérarchies basées sur des dimensions spatiales, de gauche à droite : descriptive, géométrique et mixte. Source : à partir de [13]


A partir de l'intégration de ces dimensions spatiales dans la base multidimensionnelle, SOLAP va permettre deux types de mesures :

Les outils SOLAP représentent donc une nouvelle famille d'outils, conçus comme des applications clients (Web ou bureau) exploitant les cubes de données (détaillées et agrégées) construits à partir des entrepôts de données spatiales. L'architecture d'un système SOLAP s'articule de façon analogue à celle d'un système OLAP, suivant trois tiers, comme représentés sur la Figure 1.7.

Figure 1.7. Possibilités d'architecture SOLAP

Possibilités d'architecture SOLAP

Le tiers "Architecture corporative" correspond à la base multidimensionnelle. Le tiers "système opérationnel" au concept OLTP. Source : à partir de [4]


En plus des diagrammes et tableaux alphanumériques disponibles nativement dans le système OLAP, le système SOLAP va donc permettre à l'utilisateur une nouvelle représentation des données sous la forme de carte(s). Grâce à l'intégration des dimensions spatiales, l'utilisateur dispose des opérateurs OLAP pour interagir avec ces données, par des simples clics de souris : forage, remontage (Figure 1.8), forage latéral (Figure 1.9), pivot (Figure 1.10).

Figure 1.8. Les opérateurs de forage et remontage sur des dimensions spatiales

Les opérateurs de forage et remontage sur des dimensions spatiales

En deux clics, l'utilisateur passe d'un niveau général à un niveau local (en rouge, drill-down), ou inversement (en bleu, roll-up). Source : à partir de [12].


Figure 1.9. L'opérateur de forage latéral sur une dimension temporelle

L'opérateur de forage latéral sur une dimension temporelle

L'utilisateur navigue ici parmi les membres d'un même niveau (drill-across). Source : [12].


Figure 1.10. L'opérateur de pivot sur des dimensions spatio-temporelles

L'opérateur de pivot sur des dimensions spatio-temporelles

L'utilisateur "pivote" ici les lignes et colonnes du tableau de données spatio-temporelles. La représentation cartographique est modifiée en conséquence. Source : à partir de [15].


Le Tableau 1.2 résume les principales différences entre l'approche transactionnelle dite OLTP (On-Line Transaction Processing) des SIG et l'approche SOLAP, en considérant les usagers visés, les processus, le type et l'architecture des données [13] et [4].
Tableau 1.2. Comparaison SIG SOLAP
Critère OLTP-SIG SOLAP
Type d'usage Niveau opérationnel Niveau décisionnel
Pré-requis Connaissance d'un langage de requête (et du modèle de données) et des fonctions SIG Etre à l'aise dans la navigation de type hyper-lien
Apprentissage Jours Heures
Construction des requêtes Hétérogène : SQL et fonctions SIG Homogène : clics de souris
Temps d'exécution des requêtes Variable : dépend de la complexité, du nombre de tables mises en jeu dans les jointures Stable : peu importe la complexité grâce à la structure multidimensionnelle
Exploration des données Discontinue (hétérogénéité SQL-fonctions SIG + temps d'exécution) Continue grâce aux opérateurs de forage et du temps d'exécution
Priorité sécurité et intégrité des données analyse et exploration des données
Optimisé sur le rapport espace de stockage sur quantité de données. le temps de réponse aux requêtes
Finesse des données Détaillées Détaillées et agrégées
Temporalité Uni-époque Multi-époque
Technologies Relationnelle Relationnelle ou multidimensionnelle
Architecture Bases de données normalisées, pas de redondance Redondance des données encouragée pour des gains de performance
Volume de données Espace minimisé par la structure normalisée Grand volume engendré par le stockage des agrégations
Source de données Acquisition de données Intégration sous la forme d'un entrepôt ou marché de données
Gestion de l'historique Par la mise à jour des occurrences Par l'ajout de nouvelles données (historique conservé)
Mise à jour fréquente (transactions) contrôlée (données pré-agrégées en mode lecture)